- serpillière
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♢ (1934) Mod. Pièce de toile épaisse (généralement à tissage gaufré) servant à laver les sols, à éponger, etc. ⇒région. panosse, wassingue (cf. Loque à reloquer, toile à laver). Passer la serpillière sur le carrelage.Synonymes :- toile à laverserpillièren. f. Torchon en grosse toile, utilisé pour laver les sols. Syn. (Maghreb) chiffon de parterre, (Afr. subsah., Belgique, France rég., Luxembourg) loque et torchon, (Suisse, Fam.) panosse, (Belgique, France rég.) wassingue.⇒SERPILLIÈRE, subst. fém.A. — TEXT., vieilliGrosse toile d'étoupe à tissage peu serré utilisée principalement pour l'emballage des marchandises, pour se garantir du soleil, pour protéger les vêtements. Vieille serpillière; tablier de serpillière. Un morceau de serpillière, tendu du bout des brancards à deux poteaux, nous servait de toit (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 408). Au moment de mettre le cadavre dans la bière, l'infirmier enleva la serpillière de l'hôpital et demanda à un des amis du défunt qui se trouvait là de quoi payer le linceul (MURGER, Scènes vie boh., 1851, p. 204).B. — P. méton.1. Vieilli. Tablier à bavette ou attaché avec une agrafe, fait avec cette étoffe ou en forte toile, en usage dans certains corps de métiers. [Léon] aperçut de loin, sur la route, le cabriolet de son patron, et à côté un homme en serpillière qui tenait le cheval (FLAUB., Mme Bovary, t. 1, 1857, p. 137).2. Usuel. Torchon fait avec cette étoffe ou dans une toile gaufrée ou à bouclettes très absorbante, utilisé pour le lavage des sols. Synon. torchon (de plancher), wassingue (région.). Passer la serpillière; rincer la serpillière; éponger avec une serpillière. Le bruit liquide et tendre des serpillières mouillées que l'Adélaïde tordait sur son baquet d'eau sale (AYMÉ, Jument, 1933, p. 44). Ces hideux torchons qui servent à récurer les dalles, qu'on appelle, je crois, des serpillières (GIDE, Feuillets d'automne, 1949, p. 1083).Prononc. et Orth.:[
]. Ac. 1694, 1718: -iere; dep. 1740: -ière. Étymol. et Hist. 1. Ca 1180 [ms. 1re moit. XIVe s.] sarpilliere « toile grossière servant à envelopper, emballer » (Fierabras, p. 142 ds T.-L.: Es sarpeillieres lïent toursiaus d'erbe fenee, Cascun sor le destrier); 1302 Valenciennes sarpilliere (doc. ds DE POERCK t. 2, p. 186); 2e moit. XIVe s. cerpiliere ici, empl. p. image (Miracles de N.-D., V, 90, éd. J. Morawski ds Romania t. 61, 1935, p. 347); 1403 Douai serpilliere (doc. ds DE POERCK t. 2, p. 251); 2. 1244, mars, Châlons sarpilliere « auvent de toile devant une boutique » (doc. ds FAGNIEZ t. 1, p. 152); 3. 3e quart XIIIe s. [ms.] « vêtement de tissu » rice sarpillere (ALEXANDRE DE PARIS, Alexandre, éd. Elliott Monographs, n ° 41, var. branche IV, 58 . 6, 25, leçon ms. H); 1re moit. XIVe s. (ROQUES t. 2, I, 10723: sagum: sarpilliere ou robe vielle, sarge); 4. 1345 Tournai sarpilliere « morceau de toile grossière servant de tablier » (doc. Arch. Tournai ds GDF. Compl.); 5. 1896 Saône-et-Loire charpillere « toile employée pour laver les carrelages » (F. FERTIAULT, Dict. du lang. pop. verduno-chalonnais d'apr. FEW t. 11, p. 657b); 1909 Oise serpillère (F. GELLÉE, Ét. sur le pat. de Formerie, ibid.). Orig. incertaine. L'étymon lat. vulg. sirpicularia, dér. de l'adj. sirpiculus « de jonc » [de s(c)irpus « jonc »] (FEW t. 11, pp. 657a-658b; REW3 7953), peut expliquer le sens « toile grossière », rice sarpillere restant un empl. second. isolé. Le changement très précoce de -er- prétonique + cons. en -ar- + cons. serait à rapprocher du cas de marché, parpaing, v. aussi VÄÄN., § 52. On constate le même flottement de la voy. prétonique en a. prov. (1re moit. XIIIe s. sarpeillieira PEIRE DE LA MULA, Ja de razon, 13 ds G. BERTONI, I Trovatori d'Italia, 1915, p. 249; 1297 serpelhieyra Gl. prov., § 48, éd. A. THOMAS ds Romania t. 34 1905, p. 193) et en a. cat. (1284 serpelere; 1307 sarpileres ds ALC.-MOLL., s.v. Xarpellera; l'esp. sarpillera 1497, harpillera 1505 est empr. au cat., COR.). Il existe d'autre part une indéniable relation entre certains représentants de sirpiculus et la famille de charpie, cf. notamment le m. fr. serpilleux « comme en filasse », formé à partir de serpillière (FEW t. 11, p. 658a) et le dial. charpilloû « id. » se rattachant au dial. charpille, charpiller « réduire en charpie » (FEW t. 2, p. 403a); de même entre le type a. fr. deserpillier, desarpillier « dépouiller », dial. « mettre en pièces » (FEW t. 11, p. 658a) et le dial. décharpiller « mettre en charpie », se décharpillai « se dépouiller d'un vêtement » (FEW t. 2, p. 403b). Fréq. abs. littér.:17. Bbg. SAIN. Arg. 1972 [1907], p. 180.
serpillière [sɛʀpijɛʀ] n. f.ÉTYM. 1403; sarpillere, 1302; « or et argent et rice (riche) sarpilliere », XIIe; orig. douteuse, le premier sens étant mal établi; p.-ê. d'un lat. pop. sirpicularia « étoffe de jonc », de scirpus ou sirpus « jonc »; a désigné au moyen âge une étoffe de laine ou une sorte de sayon; → aussi Suroît, cit. 1 Hugo; mais les variantes dial. en ch- (charpillère) suggèrent à P. Guiraud une parenté avec charpiller, de charpie, ce qui correspond mieux au sémantisme du mot.❖b Vx. Grosse toile d'emballage (→ Pleuviner, cit. 1).2 (1542; sarpillière, 1345). Vx. Tablier de grosse étoffe, porté dans certains corps de métiers.1 Un jeune garçon en serpillière le cajolait pour obtenir des capsules, afin d'utiliser son fusil (…)Flaubert, l'Éducation sentimentale, III, I.3 (XXe). Mod. Pièce de toile épaisse (généralement à tissage gaufré) qui sert à laver les carrelages, à éponger, etc. ⇒ Toile (à laver), torchon; loque, wassingue (régional). → Crasse, cit. 4. || Passer la serpillière sur le carrelage. || Nettoyer à grands coups de serpillière. || Tordre, faire égoutter une serpillière.2 Pour apaiser l'impatience de l'attente, il prit une serpillière qui trempait dans une cuvette d'émail et, pour la troisième fois, lava sur le béton une surface encore humide afin d'en effacer les dernières traces de sang qu'avait pu y laisser sa boucherie.M. Aymé, le Vin de Paris, « Traversée de Paris », p. 27.3 Laissez, dit-elle au bout d'un moment. Vous ne savez pas étancher. Donnez-moi la serpillière. Ensuite, vous la tordrez, si vous voulez, avec vos grandes mains.Robert Merle, Week-end à Zuydcoote, p. 229.
Encyclopédie Universelle. 2012.